
Des origines galiciennes aux espaces scéniques…
J’ai traversé la vie comme on traverse Paris, de long en large, sous l’occupation ou libéré dans les passages secrets de l’Opéra… J’étais pianiste dans différents lieux.
Au premier acte, « je n’ai joué que des seconds rôles que j’ai transformés ensuite en premiers rôles. »
A cette époque, Jeanne est là pour croire en moi et m’accompagner vers la réussite. J’ai 28 ans lorsque nous nous rencontrons, ce sera pour la vie.
Le travail, je n’en suis pas avare même si j’ai joué Molière. Avec acharnement, je m’entête et la patience est nécessaire. Le travail bien fait triomphe toujours.
On dit que j’ai du caractère mais je le dois à Leonor, ma plus grande source d’inspiration. C’était un sacré rôle que celui d’être ma mère. Grâce à elle, j’ai construit les moindres détails de mes personnages aux mimiques facétieuses !
Puis vint Oscar qui me permet d’allier gestes et paroles burlesques, le public me transmet une telle énergie dans ses rires que je m’exerce soir après soir à de nouvelles espiègleries comiques.
Du théâtre au cinéma.
Pouic-Pouic vient me picorer, j’affine encore mon jeu.
Gérard Oury m’offre ensuite des rôles de composition.
Rabbi Jacob, La folie des grandeurs, Le Corniaud ou encore La grande Vadrouille… ces films me poussent à travailler différents registres et une palette d’émotions :
- l’effarement : « et hop, il l’a emballée… Alors moi, il m’épate, il m’épate. »
- la surprise : « Ça alors ! C’était Farès ? C’est effarant !»
- l’autorité : « c’est de la bouillie tout ça, ce n’était pas mauvais, c’était très mauvais. »
- la fourberie : « Le roi répudie la reine, la vieille épouse le perroquet, César devient roi, je l’épouse et me voilà reine ! »
- la satire politique : « Qu’est-ce que je vais devenir ? Je suis ministre, je ne sais rien faire. »
Mais, bas les masques ! Je mets les miens : ceux qui provoquent les rires. Fantômas n’a qu’à bien se tenir !
Je ne riais probablement pas autant que je le provoquais certes… la comédie me rend plus sérieux qu’il n’y parait. Il me faut contempler et analyser en permanence pour connaître les travers et subtilités rieuses de chacun. Je note dans un carnet mes observations sociologiques.
Et si je ne faisais plus rire ?
Cette pensée me rend vulnérable l’espace d’un instant.
Mais, Silence.
Le trac est moteur.
Action.
Ça tourne.
Le jeu d’acteur est comme une danse.
Il me faut avoir la précision collective de Rabbi Jacob (1973), le perfectionnisme de Septime dans Le Grand Restaurant (1966), avec rythme dans Le gendarme se marie (1968) ou encore avec l’art de la mécanique sur une tarantella napolitaine dans le Corniaud (1965) et enfin, si possible faire ça bien accompagné comme avec Olivier, l’un de mes fils dans l’Homme-Orchestre (1970).
« Peu importe que vous ayez du style, une réputation, ou de l’argent, si vous n’avez pas bon coeur, vous ne valez rien. »
Le cœur, oui… celui-ci s’essouffle parfois comme l’on manque de respiration entre deux répliques.
Entracte.
Il m’est nécessaire de me reposer loin des plateaux alors je cultive mon jardin, et comme je le dis avec amusement : « dans ma vie professionnelle comme dans mon carré de jardin, j’ai toujours eu l’intention d’exclure les navets. »
Victime d’agueusie ? Non. Seulement à l’écran. Vous prendrez un peu d’aile ou alors la cuisse ?
Quant au dernier acte, je ne m’envole non pas dans une DS ailée à la poursuite de Fantômas mais avec sérénité et douceur, entouré des miens, dans mon village du Cellier en 1983.
Rideau.
Retrouvez notre création originale par l ‘artiste Romain Dorez au Musée Louis de Funès de Saint Raphäel ainsi que sur notre shop en ligne.
Rédaction de texte pour la broche culturelle Louis de Funès : Cécile Harleaux
– Ton article il était faux hein ?
– C’est exact il était faux.
– Tu prétends qu’il était faux maintenant que tout le monde croit qu’il était vrai ?
– Ben c’est pourtant vrai.
– Qu’est-ce qu’est vrai ? Que tout le monde croit qu’il était vrai ?
– Mais non ! C’est pourtant vrai qu’il était faux.
Fantômas, le commissaire Juve (Louis de Funès) et Fandor (Jean Marais).
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